Les derniers soubresauts de l’hégémonie maghrébine en al-Andalus : la reconnaissance du calife almohade al-Rašīd par les émirs de Séville et de Grenade en 636/1238 - Avignon Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Les derniers soubresauts de l’hégémonie maghrébine en al-Andalus : la reconnaissance du calife almohade al-Rašīd par les émirs de Séville et de Grenade en 636/1238

Résumé

1238 : dix ans après le départ au Maghreb d’al-Ma’mūn, dernier calife almohade ayant régné sur al-Andalus, et dix ans avant la conquête de Séville par les troupes de Ferdinand III de Castille- León, les émirs de la capitale andalouse reconnaissent l’autorité du calife almohade de Marrakech. Cet épisode, dont je vais essayer de montrer l’importance historique, n’a guère retenu l’attention des historiens. Ainsi n’est-il mentionné qu’à deux reprises, brièvement, sans note, référence, ni commentaire, dans l’ouvrage encyclopédique El retroceso territorial de al-Andalus réalisé par les plus grands connaisseurs de l’histoire d’al-Andalus au Moyen Âge. Pourtant, dans le contexte troublé des troisièmes Taifas, cet épisode donne des indications importantes sur la vie politique et la société péninsulaires : d’abord, comme l’appel à l’aide lancé aux Almoravides par les savants andalous à la fin du XIe siècle, cette allégeance manifeste la crise politique locale et révèle l’état de faiblesse militaire des régions septentrionales du Détroit de Gibraltar face à des royaumes chrétiens agressifs et fortement militarisés ; ensuite, malgré l’enracinement de l’école juridique malékite depuis le IXe siècle dans l’Occident musulman, la reconnaissance des souverains almohades prouve que ceux-ci ont partiellement gagné leur pari de concurrencer les centres de pouvoir orientaux comme instance de légitimation. Enfin les sources et l’historiographie traditionnelle ont souvent insisté sur l’opposition Arabes/Berbères, ou Andalous/Berbères, c’est-à-dire sur le rejet par les populations andalouses des souverains étrangers (almoravides, puis almohades) sur des bases « ethniques ». Les historiens d’al-Andalus évoquent ainsi souvent la haine qu’auraient ressentie les Andalous face aux Berbères, rustres et étrangers, qu’ils soient almoravides ou almohades, et qui auraient imposé leur joug pendant près d’un siècle et demi sur cette terre d’anciennes civilisation et culture. Le choix fait par les princes de Grenade et Séville en 1238 de reconnaître l’autorité des souverains de Marrakech remet-elle en question cette vision traditionnelle, dont l’hypothèse repose sur l’existence présumée d’une forte identité andalouse, pré-nationale, et foncièrement xénophobe ?

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Citer

Pascal Buresi. Les derniers soubresauts de l’hégémonie maghrébine en al-Andalus : la reconnaissance du calife almohade al-Rašīd par les émirs de Séville et de Grenade en 636/1238. L’administration des rives du Détroit de Gibralta, 2017. ⟨halshs-01452989⟩
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